Sous-marin Titan : les cinq passagers sont morts à proximité du Titanic (2024)

Les gardes-côtes américains ont annoncé la mort des occupants du submersible, après avoir découvert des débris à quelques centaines de mètres de la proue de l'épave Titanic. Le Titan aurait implosé.

Il n'y a désormais plus aucune chance de retrouver vivants les cinq passagers du Titan . Les gardes-côtes américains ont annoncé leur mort jeudi soir après avoir découvert à plus de 400 mètres du Titanic des débris du submersible.

Ce petit sous-marin touristique a plongé dimanche 18 juin pour explorer l'épave du navire coulé en 1912, dans le cadre d'une excursion organisée par l'entreprise OceanGate, qui facture 250.000 $ l'escapade. Le Français Paul-Henri Nargeolet, spécialiste de renommée mondiale du Titanic et quatre compagnons d'infortune, Stockton Rush, le PDG d'OceanGate et trois riches touristes, ont péri dans une «implosion» du sous-marin, selon les premiers éléments de l'enquête. La société OceanGate a d'ailleurs salué ces cinq «âmes», qui «partageaient une profonde passion pour l'exploration».

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«Champ de débris»

L'annonce jeudi après midi de la découverte d'un «champ de débris» sur le fond de l'océan près de l'épave faisait déjà craindre une fin catastrophique pour le sous-marin touristique, avec lequel la communication a été perdue dimanche matin, 1h45 après le début de la plongée vers le Titanic. Il s'est avéré que ces débris appartenaient à la coque extérieure du submersible, d'après les gardes-côtes.

Pour de nombreux experts, français et étrangers, la seule cause d'optimisme dans cette crise a longtemps été la présence à bord de Paul-Henri Nargeolet, reconnu comme étant la personne la plus à même à avoir les bons réflexes dans l'environnement périlleux des fonds marins où reposent les débris de l'épave du Titanic, à 3800 mètres sous la surface. «Paul-Henri Nargeolet est sans doute le pilote le plus expérimenté au monde à ces profondeurs, et si quelqu'un peut s'en sortir, c'est bien lui», expliquait ainsi son ami Michel L'Hour, ancien directeur du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines à Marseille, qui refusait alors de parler de lui au passé. Mercredi matin, l'information que les avions américains avaient capté des sons à intervalle régulier laissait espérer que les passagers étaient encore vivants et tentaient de se faire entendre. Mais des analyses acoustiques poussées par l'US Navy ont prouvé jeudi que ces bruits n'étaient en fait pas originaires du sous-marin.

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Moyens vertigineux

En quatre jours, des moyens vertigineux ont été déployés dans l'espoir de retrouver le submersible. Le navire de l'Ifremer l'Atalante est arrivé sur zone dans la nuit de mercredi à jeudi. Avec lui, le robot câblé (ROV), Victor 6000, capable de descendre à 6000 mètres. Il a été mis à l'eau dans la matinée de jeudi, alors que les réserves d'oxygène du Titan étaient déjà théoriquement épuisées. Un deuxième robot téléopéré, mis à l'eau par le navire canadien Horizon Arctic, a lui aussi effectué des recherches sur les fonds marins, près de l'épave du Titanic. Le navire océanographique français a rejoint une flotte déjà dense, composée d'une dizaine de navires, dont le Britannique navire Deep Energy, capable de dérouler un câble pouvant descendre jusqu'au fond, et trois avions spéciaux américains ainsi que deux Canadiens.

Sous-marin Titan : les cinq passagers sont morts à proximité du Titanic (1)

Avant de partir, le spécialiste français, Paul-Henri Nargeolet, ancien de la marine, confiait pourtant à ses proches « ne pas avoir une totale confiance dans ce sous-marin fait de matériaux composites et avec un hublot de 60 cm de large », quand celui du Nautile, le sous-marin de l'Ifremer ne mesure que 12 cm. « Il était un peu dubitatif devant cette nouvelle technologie, mais également intrigué à l'idée de piloter quelque chose de nouveau, un peu comme peut l'être un pilote d'essai », nous expliquait Michel L'Hour. Ces hésitations paraissaient justifiées... Ces derniers jours ont révélé que l'entreprise OceanGate a ignoré plusieurs mises en garde sur la sécurité du submersible. Un sous-marin qui, de plus, n'a pas été certifié auprès d'une autorité officielle. L'opérateur justifie cette absence en arguant que son submersible était tellement innovant, avec une coque en fibre de carbone, qu'il ne rentrait pas dans les cadres habituels de l'industrie navale. En 2018, l'ancien directeur des opérations marines d'OceanGate avait été licencié après avoir fait part de « graves préoccupations » en évoquant notamment le hublot situé à l'avant du submersible, qui a selon lui été conçu pour 1300 mètres de profondeur... Rappelons cependant que le Titan n'en était pas à sa première plongée, et avait déjà transporté environ 60 clients payants et 15 à 20 chercheurs vers le Titanic.

L'hypothèse du problème structurel retenue

Au moment de la perte de contact avec le petit submersible, trois hypothèses étaient privilégiées pour expliquer ce qui avait pu se passer. La première, c'est que le submersible aurait pu se retrouver coincé en profondeur, pris au piège par un morceau de l'épave qui se serait détaché. «C'est pour moi l'hypothèse la moins probable, jugeait Christian Pétron, ami d'enfance et directeur de la photographie sur le film le Grand Bleu, qui est descendu à plusieurs reprises avec lui sur l'épave du Titanic. Dans ce cas, les systèmes de communication auraient continué à fonctionner.» Le Titan communiquait avec son navire hôte à l'aide d'un simple signal « ping » envoyé toutes les 15 minutes, ou l'envoi de SMS tant que l'écart de profondeur le permet. Si le sous-marin était bloqué physiquement, le ping aurait dû continuer à émettre. Par ailleurs, Paul-Henri Nargeolet connaissait parfaitement l'épave, et pour les experts joints par Le Figaro, il était compliqué d'imaginer qu'il ait pu se laisser piéger.

Sous-marin Titan : les cinq passagers sont morts à proximité du Titanic (2)

Autre possibilité, une panne à bord de l'engin, qui aurait non seulement paralysé le «pinger», mais également le système de navigation. Dans ce cas, il aurait été possible que le Titan dérive et remonte petit à petit a la surface. Une telle hypothèse n'enlevait rien à l'urgence pour les équipes de sauvetage, car le sous-marin ne peut pas s'ouvrir de l'intérieur. C'est pourquoi les avions quadrillaient le ciel depuis lundi à la recherche d'un tout petit point gris dans une mer agitée…

Enfin, et c'est l'hypothèse pour l'heure confirmée par les gardes-côtes, le sous-marin a pu rencontrer un problème de structure. À cette profondeur, et une pression de 380 bars, la moindre faille est rédhibitoire. L'eau s'engouffre dans l'habitacle avec une pression telle que le sous-marin implose. L'accident est exceptionnel, le Nautile d'Ifremer n'a, par exemple, connu aucun accident majeur en plus de 2000 plongées profondes et plusieurs dizaines d'années d'existence. «Quand on fait plusieurs plongées, on fait des cycles de pression, et ça engendre une usure qu'on nomme fatigue. Mais pour les submersibles classiques avec une coque en métal, le phénomène est très bien connu, d'ampleur faible, et peut être tout à fait anticipé, détaille Bruce Shillito, enseignant-chercheur à Sorbonne Université, du laboratoire de biologie des organismes et écosystèmes aquatiques, spécialistes des recherches dans les grands fonds. Pour la structure de Titan, des composites (fibres de carbone) sont associés à des métaux (titane). On maîtrise moins bien le vieillissem*nt de telles associations, notamment dans les zones de raccordement entre métaux et fibres. Une fatigue plus prononcée est une possibilité .» Les révélations sur l'absence de contrôle du Titan laissent en tout cas le doute s'installer.

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